Soutien à des structures pour enfants en situation de handicap

Avec plus de 75% d’analphabètes et une population à majorité composée d’enfants et de jeunes, l’éducation est une priorité en Haïti. Or, aujourd’hui, l’Etat haïtien n’est pas en mesure de couvrir une demande éducative toujours croissante, et encore moins en ce qui concerne les enfants en situation de handicap.
Dans ce pays, le handicap est très mal perçu : les familles demeurent dans le déni le plus longtemps possible. Aussi, beaucoup d’enfants arrivent-ils bien tard dans les instituts, avec des retards déjà accumulés. Les élèves reçoivent une formation utilisant en majorité la langue des signes, mais également la lecture labiale et la démutisation. Des cours de langue des signes sont proposés gratuitement aux parents chaque semaine, mais malheureusement très peu s’y rendent. Lors d’une réunion de parents, les équipes de direction ont pu constater que plus de 90% des parents ne savaient pas dire « bonjour » à leur enfant en langue des signes. Ceci souligne les difficultés d’inclusion des enfants haïtiens en situation de handicap, même dans leur propre famille.

Enfance & Vie soutient en Haïti, deux structures qui accompagnent des enfants sourds.


 

A Port au Prince

Enfance et Vie entretient, depuis plus de 30 ans, des liens étroits avec l’Institut Montfort. Au fil de toutes ces années, nous avons pu voir les religieuses se débattre dans un environnement toujours hostile, souvent dans un climat de terreur comme au temps des tontons macoutes ou suite à des catastrophes climatiques comme lors du séisme de janvier 2010 qui a complètement détruit l’école de Port-au-Prince. L’école a été reconstruite, en 2012, à Croix-des-Bouquets, grâce à la Congrégation des Sœurs de la Sagesse et à de généreux soutiens internationaux dont Enfance et Vie qui a largement contribué suite à un appel à l’aide. Ses bâtiments respectent les normes parasismiques et forment un bel ensemble. Ils accueillent 300 élèves, dès l’âge de 3 ans, qui s’étalent de la petite maternelle à la formation professionnelle.
 
Cette commune s’est fortement peuplée. Elle est désormais très étendue avec des quartiers extrêmement pauvres et de nombreux bidonvilles. La population ne travaille pas et vit dans la misère. Le banditisme y est fréquent et le quartier est régulièrement en proie aux violences.
Hélas, la situation peu brillante a continué à se dégrader, une instabilité politique et une pauvreté généralisée ont rendu Haïti aux mains de gangs armés, violents, instaurant une criminalité organisée, les civils étant pris en otage dans ces conflits entre gangs. Jusque-là épargné, l’Institut Montfort a été la cible d’un gang armé qui a tout ravagé le 2 août 2024. Désemparées, les religieuses ont trouvé refuge dans une autre école de la communauté qui leur a cédé quelques classes. Mais seule, une toute petite partie des 300 élèves a pu être accueillie. Une fois de plus, il leur faut tout reconstruire, tout racheter, tout recommencer. 

A Cap Haïtien

Située au Nord d’Haïti, dans une région un peu plus épargnée par la violence des gangs, la ville du Cap-Haïtien, 2ème ville du pays, abrite l’Institut Marie-Louise de Jésus géré par les religieuses des Filles de la Sagesses qui accueille 150 enfants sourds.
L'insécurité continue de s'aggraver, avec une multiplication des kidnappings. La situation est légèrement meilleure qu’à Port-au-Prince en matière d’insécurité, mais la peur est omniprésente. Il y a également eu des problèmes d’inondation qui rendent les déplacements difficiles. Les élèves arrivent à l’Institut avec beaucoup de difficultés. A cela s’ajoute le problème de la gestion des déchets dans les rues de la ville. L’accès de l’école est obstrué par les déchets que les gens jettent devant l’entrée. Malgré ces divers problèmes, les élèves continuent de venir à l’école.
Nous ne pouvons pas abandonner tous ces enfants sourds, sujets à la stigmatisation et à la discrimination. Il faut leur permettre de retrouver la possibilité d’acquérir une formation professionnelle afin de leur donner une chance de s’en sortir et de ne pas de faire exploiter dans un pays où le handicap est si mal perçu.

Action suivie par Marie Pierre Delebecq