Témoignage d'une jeune fille de dix-huit ans
partie seule en Inde au pensionnat de Dumka
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Il est, parfois, des rencontres incroyables, qui se produisent à des moments inattendus et qui peuvent changer un, voire des destins.
L'histoire de Zoé en fait partie : c'est lors d'une escapade dans le Sud de la France, sans corrélation avec les actions d'Enfance et Vie, que je l'ai rencontrée, jeune femme, pleine d'amour, d'enthousiasme et de volonté, prête à aider l'autre, son prochain.
Quand je lui parle (Elle avait entendu parler) des actions de notre association, elle exprime aussitôt son désir de partir en Inde dans un élan de solidarité . (et m'a immédiatement sollicitée à ce sujet.)
De retour dans le Nord de la France, j'ai fait part de ses souhaits et de ses demandes au groupe Enfance et Vie Gravelines, auquel j'appartiens.
L'équipe, emballée, a spontanément proposé son soutien afin d'aider à transformer ces désirs exprimés en actions concrètes.
C'est ainsi que nous avons organisé une rencontre, à Tournai entre Zoé, qui s'était déplacée spécialement, et Soeur Thressia qui met en relation les actions réalisées depuis la Belgique et la France vers l'Inde.
Cette riche entrevue a nourri l'effervescence de notre jeune amie qui s'est empressée d'organiser son départ et sa résidence sur place. C'est là où elle a vécu, avec passion, des moments riches et inoubliables, de partages, de bonheurs et d'amour.
Elle ne s'est pas contentée d'être observatrice ou simple actrice dans son vécu au quotidien, et sa Joie communicatrice est à l'origine d'un merveilleux élan fédérateur au-delà des frontières.
Zoé possède des talents de narratrice, et c'est pourquoi, il est grand temps de la laisser nous raconter ses actions et ses émotions à travers les différentes lettres qu'elle nous a fait parvenir tout au long de ses pérégrinations.
Les voici, à la suite, telles que nous les avons reçues, par ordre chronologique.
Bonne lecture à tous et merci de votre attention.
Brigitte Vermeulen
Enfance et Vie Gravelines
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1ère lettre :
Bonjour, je ne sais jamais commencer mes récits alors voilà : j’ai 18 ans et je suis partie toute seule en Inde.
Le 17 janvier 2016 j’ai pris l’avion de Barcelone en direction de Ranchi, une ville de l’état de Jharkhand dans le nord de l’Inde au dessus de Calcutta.
Depuis que j’ai 16 ans, je rêve d’aller en Inde, ne me demandez pas pourquoi, c’est ainsi…
J’ai toujours admiré ces jeunes qui partaient seuls à l’autre bout du monde et vivaient des aventures incroyables, aidaient les autres et, c’est à 18 ans après m’être engagée dans des études qui ne me convenaient pas que j’ai décidé de sauter le pas, faire comme eux…
Même si l’idée me paraissait effrayante, et que des milliers de questions tournaient dans ma tête, je préfère avoir peur que de ressentir des regrets.
Être en inde m’a fait grandir, pas forcément changer mais cette expérience m’a permis d’accepter l’autre, de le comprendre et faire de mon mieux pour l’aider. Elle m’a appris à aimer sans retenue, à voir sans juger ; elle m’a permis d’entrevoir la femme que je souhaite devenir mais aussi m’a appris à apprécier la vie, toutes ces petites choses qui se révèlent être importantes comme montrer aux gens à qui l'on tient à quel point on les aime, savoir se faire plaisir, profiter de chaque petit moment, chaque fou-rire, chaque moment de bonheur simple…
A ce jour, l’Inde est ma plus belle expérience : la culture indienne est à des milliers d’années lumières de notre vie, l’amour inconditionnel de ce peuple, j’ai pu voir des gens qui n’avaient rien à donner plus que d’autres, j’ai pu vivre des choses incroyables et pour ces choses je remercie mille fois (même si ça ne sera jamais assez) l’association « Enfance et vie » mais aussi le couvent St Charles.
Grâce à vous tous, j’ai pu apporter de l’aide aux enfants du pensionnat de Dumka ; nous avons pu récolter 470€ mais aussi, vous avez apporté un vent d’entraide qui m’a permis de partager mon histoire sur le journal de Pia mais aussi dans l’Indépendant, qui m’a permis de participer à la journée de la femme de ma ville de Pia et ainsi de par ces partages, raconter mon histoire, leur histoire, leur vie, et continuer à les aider, même aujourd’hui, même si je suis rentée et que je suis à des milliers de kilomètres.
2ème lettre :
ndlr : Zoé, alors en Inde, a envoyé cette lettre qui a été lue lors de la célébration, à Pia, de la « Journée des Nations Unies pour les droits de la Femme et la Paix Internationale », en présence des représentants de la ville.
Bonjour Madame, Monsieur,
je tiens tout d'abord à m'excuser de mon absence en ce jour, mais je suis persuadée que la personne qui lira cette lettre vous fera passer le message que je souhaite transmettre. Celui-ci est très simple : je suis une fille comme une autre, j'ai fait des études et obtenu mon Bac en juin 2015. Une scolarité normale, rien de très croustillant. Et, en tant que jeune femme de 18 ans, je considère ma liberté et mes choix de vie comme quelque chose d'acquis, il est normal, pour moi, de choisir mon mari, mes études et toutes ces petites choses qui sont en fait, un privilège, une chance.
Cela fait maintenant presque 2 mois que je suis partie en Inde, logée par les sœurs. Cette expérience est, à l'heure actuelle, l'une des plus enrichissante de ma vie. Elle m'a appris à respecter les cultures et les mœurs, même celles qui me paraissent, pour moi, européenne, absurdes.
Elle m'a appris à écouter l'autre avec mon cœur autrement qu'avec mes oreilles. Mais aussi, surtout, elle m'a appris à ouvrir mes yeux d'adolescente sur la chance que nous avons, tous, de vivre en France. Même si nous avons des choses à reprocher à l’État français, nous sommes un peuple privilégié : une maladie ? On va chez le médecin et une partie des frais est prise en charge par l’État. On est doué à l'école mais on n'a pas forcément les moyens de financer ses études ? Merci la bourse ! Monsieur me bat ? J'appelle la police qui l'interpelle. Ce soir, j'ai froid et je n'ai pas à manger ? Merci à tous ces organismes humanitaires qui me fournissent un minimum…
Ici c'est plus compliqué, c'est « Marche ou Crève ». La scolarité n'est pas de première nécessité, apprendre la carte du Monde à un enfant de 10 ans n'apporte pas, à la famille, du riz dans son assiette le soir. Ils se débrouillent comme ils peuvent, ils travaillent du matin au soir, mais d'une certaine façon, ils apprécient la vie, ils prennent tout ce que celle-ci a à leur donner. Mais à ne pas se méprendre, ce sont des gens au grand cœur, qui n'hésitent pas à s'entraider, ils vivent en communauté et comptent les uns sur les autres. Je dois l'avouer, j'ai été surprise de voir ces gens qui vivent avec le minimum, donner tant à autrui. "Ce sont ceux qui ont le moins qui donnent le plus", c'Est-ce que le peuple indien m'a montré. Il m'a aussi fait réaliser une chose : j'ai eu 18 ans il y a quelques mois, j'entame à peine ma vie d'adulte et j'ai le choix de prendre la voie qui me plaît, choisir d'être une femme indépendante, choisir d'être une femme au foyer ou une travailleuse, personne ne me dit que dans quelques mois je vais être mariée à un homme qui a sûrement 5 à 10 ans de plus que moi, que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, et que je vais devoir lui dédier ma vie, même s'il me bat ou me viole et que personne ne pourra m'aider, parce que, quelle honte si à 20 ans, j'ose enfin quitter mon mari avec mon bébé et que je me retrouve femme seule avec mon enfant, ou encore, qu'adviendra-t'il de moi si je ne me marrie pas ? je ne suis personne, n'est-ce pas ? Ceci est le quotidien des femmes des régions les plus reculées de l'Inde. Une vie de soumission, et, c'est, je pense, ce qui m'a choqué le plus dans ce voyage. Ces femmes sont retenues par les chaînes de la société, et personne ne leur vient en aide. Comment, à 17 ans, on peut concevoir de se marier ? Comment peut-on choisir de donner sa vie à un homme que l'on n'aime pas ? Ou pire, que l'on ne connait pas ? Nous sommes libres, nous, femmes européennes, nous avons le choix, nous nous laissons dicter par la peur, mais rien ni personne ne met de chaînes à nos envies et à nos rêves. C'est la chose la plus importante dans ce bas monde, au final, la liberté.
Cette liberté nous est offerte principalement grâce au savoir, ce sont les études qui nous permettent d'obtenir un bon emploi qui nous procurera la liberté financière.
Et c'est là que j'essaie de faire quelque chose. Grâce à l'argent récolté, grâce à vous, nous allons pouvoir acheter quelques affaires scolaires pour les enfants, les pousser dans leurs études et pourquoi pas apporter une pierre à la construction d'une nouvelle ère pour ces jeunes femmes et ces jeunes garçons, leur apporter une nouvelle vision. Faire quelque chose, voilà mon but ici en Inde, même quelque chose qui semble minime, c'est un sourire, un espoir qui naît, et pour eux, c'est déjà beaucoup.
Alors, merci de faire ce jour de la Femme, merci de continuer à montrer qu'une femme, c'est l'égal de l'homme, qu'une femme, c'est un être fort et puissant, qu'une femme aussi bien qu'un homme peut choisir sa voie quelle qu'elle soit : parce que nous sommes libres.
Zoé.
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Je me présente : je m'appelle Zoé Nguyen Van Chieu. Je suis partie en Inde en janvier 2016, afin de faire un compte-rendu de l'utilisation des dons que vous envoyez en Inde, mais aussi pour visiter ce merveilleux pays.
Pendant cette merveilleuse expérience, que j'ai partagée sur les réseaux sociaux, de nombreux amis et membres de ma famille ont ressenti le désir de participer à cette aventure.
Dès mon retour, en mars, j'ai été contactée par mon ancienne école, l'Ecole Primaire François Miterrand, qui a voulu elle aussi, prendre part à cette aventure. Pour ce faire, dès mon retour, j'ai rendu visite aux élèves de cette école et j'ai pu raconter mon aventure.
Parallèlement, ils ont réussi à lever des fonds grâce à une tombola pour pouvoir aider aussi, à leur tour, l'Inde, les enfants que j'ai pu rencontrer, et les endroits que j'ai visités. Après le compte-rendu final, ils ont réussi à récolter 1728€, qu'ils m'ont remis en mains propres et qu'à mon tour, je me permets de vous envoyer
Nous souhaiterions, l'école et moi-même, que cet argent parte en Inde, afin d'aider le pensionnat de Dumka, mais aussi Kereng. Pourquoi pas la subvention d'élèves et d'une classe complète et aussi une partie pour, pourquoi pas, des infrastructures. Faites-en usage comme bon vous semblera. Je vous demande une dernière requête ceci dit, je souhaiterai, afin que cet élan de' volonté de la part de tout ce beau monde ne s'arrête pas, d'avoir des nouvelles de cet argent, où va-t-il et à quoi sert-il ? En quelque sorte un compte-rendu pour les élèves qui ont travaillé si dur pour récolter cet argent afin de les motiver et pourquoi pas les pousser à continuer ces récoltes d'argent.
Si vous pouvez envoyer ce compte-rendu à cette adresse :
Ecole Primaire François Mitterrand
Chemin de la Poudrière
66380 Pia
Ainsiqu'à cette adresse :
Zoé Nguyen Van Chieu
20 rue de micocouliers
66380 Pia
Merci d'avance pour les compte rendu et pour toute question n'hésitez pas à me joindre au 0628332400
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